Petite réflexion sur l’histoire des Esprits de la Nature…

« D’où viennent les fées ? « , cette question à l’origine des recherches qui ont abouti au Grand Livre des Esprits de la Nature en rejoint une autre qui est de savoir, finalement, d’où provient la notion même d' »esprits liés à la nature »…

Depuis l’origine des temps, les hommes se sont interrogés sur les êtres prenant soin de la Nature. Les grands philosophes antiques ont développé l’idée de « démons », terme qui sera repris et déformé par l’Eglise chrétienne en lutte contre les croyances populaires, payennes… Hésiode, Pythagore, Platon discuteront de l’existence des démons comme de celle des dieux.

Ensuite, avec la naissance de l’Eglise chrétienne, de nombreux théologiens mettront en exergue l’existence de démons, cette fois bel et bien liés au diable et aux enfers, tout comme ils travailleront la thématique des anges.

Parallèlement, dans les couches populaires, les campagnes, les milieux écartés des villes et des idées philosophiques, un folklore poursuivra sa route, faisant glisser les esprits, fées, lutins au travers d’interstices sauvegardés de l’écrasante pensée bienveillante des grands de ce monde. Veillées, contes, mises en garde et dictons préserveront les Esprits de la Nature jusqu’à la fin du XIXe siècle où, là encore, les collecteurs d’alors purent recueillir témoignages et légendes avant que l’ère industrielle et ses précieuses inventions, électricité et locomotive en tête, n’en viennent a quasi définitivement faire disparaître les fées. Du moins dans notre société occidentale. Il en est tout autre dans nombre de cultures encore fortement empreintes de chamanisme et d’animisme, quoique même là, les croyances sont malmenées, souvent victimes de syncrétisme (mais le syncrétisme, finalement, ne serait-il pas le gage de la survivance d’une croyance ? Vaste et autre question…)

Revenons au parcours de nos esprits. L’Eglise, en tentant de les combattre, a néanmoins contribué à leur survivance. Saint Augustin reconnait l’existence des faunes; de nombreux théologiens listent une quantité de démons parmi lesquels se retrouvent certains de nos Esprits de la Nature. L’Eglise condamnera par la suite beaucoup de ces nouvelles croyances sans pour autant rejeter le « merveilleux ». Mais voilà, en créant ces listes de démons et en y assimilant les anciens dieux antiques, les nymphes, les faunes, on peut penser que l’Eglise et sa pensée très dichotomique, accentuera le côté bestial, inhumain voire démoniaque de nos Esprits de la Nature. Une idée qui se poursuivra au fil des siècles et même chez un libre-penseur du XIXe siècle tel que Colin de Plancy et son célèbre Dictionnaire infernal ou Bibliothèque Universelle sur les êtres, les personnages, les livres, les faits et les choses, qui tiennent aux apparitions, à la magie, au commerce de l’enfer, aux divinations, aux sciences secrètes, aux grimoires, aux prodiges, aux erreurs et aux préjugés, aux traditions et aux contes populaires, aux superstitions diverses, et généralement à toutes les croyances merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles. Un livre qui, lui aussi, aura une forte influence et qui pourtant, à l’origine, avait été écrit pour se moquer des croyances et superstitions mais qui sera vite détourné pour servir de référence pour qui, par la suite, s’intéressera à cette question.

A côté de l’Eglise, des croyances populaires, un troisième courant se passionne pour ces Esprits. Ce que nous regroupons sous les termes d’occultisme ou d’ésotérisme et leurs nombreuses ramifications. Citons, en premier lieu, l’éminent Paracelse,  et son fameux (Liber de Nymphis, sylphis, pygmaeis et salamandris et de caeteris spiritibus (Le livre des nymphes, des sylphes, des pygmées, des salamandres et de tous les autres esprits). Nous voici au siècle des Lumières, ce moment historique où les esprits flambent, les théories fusent et les plus grand progrès en matière d’idées se font jour (certes, côté techniques, ce n’est pas encore ça pour prouver les dires mais…).

Paracelse est bien la source d’une classification des Esprits de la Nature encore fortement utilisée aujourd’hui par de nombreuses personnes suivant, parfois sans le savoir, ce courant ésotérique incluant l’idée d’Esprits de la Nature. C’est d’ici, et d’ici seulement, que l’idée d’élémentaux, d’êtres liés aux éléments eau, terre, feu, air prend véritablement racine. Même si la réflexion est issue de précédentes théories et pensées, Paracelse va réussir a « résumer » tout cela et donner une vraie impulsion à l’idée que des êtres liés aux éléments prennent soin de la Nature en fonction de leur spécialité. Il reprend une série de créatures, dont quatre connaissent toujours un certain succès dans les croyances communes rattachées à ce courant: ondine, gnome, elfe, salamandre. A préciser que Paracelse, qui se trouve au coeur de l’Alchimie, ne pouvait que parler d’êtres liés aux éléments à l’époque…

S’en suivront quelques autres personnages comme Jean Wier, l’abbé de Villars, qui contribueront à la propagation de l’idée en y soustrayant ou y ajoutant des éléments sans pour autant dépasser, pour nous, les travaux de Paracelse.

Enfin, la fin du XIXe voit émerger le spiritisme de Kardec, la théosophie de Blavatsky et finalement l’anthroposophie de Rudolf Steiner. Ce dernier ayant donné de très nombreuses conférences dont quelques-unes sur la notion d’esprits invisibles attachés aux plantes et les aidant à les faire pousser. Notons que l’influence des idées de Rudolf Steiner dans notre société fut assez forte puisqu’il est à l’origine de la biodynamie, les écoles Waldorf ou encore les produits Weleda !

En résumé, si nous devions conserver les principales pistes ayant abouties à l’idée des Esprits de la Nature aujourd’hui, au XXIe siècle, nous retiendrions:

l’animisme préhistorique et l’évolution des croyances religieuses
Le folklore et l’évolution des croyances populaires
L’Alchimie et les idées influentes de Paracelse
Le spiritisme et les idées influentes de Rudolf Steiner
Ces quatre chemins évoluant à la fois parallèlement en s’influençant les uns les autres que ce soit par opposition ou assimilation. A ceux-ci, ajoutons les autres croyances aux Esprits de la Nature en provenance des cultures non occidentales qui, dans un monde où la communication et les voyages sont devenus faciles, où les peuples n’ont jamais tant migré, apportent leur lots d’influence diverses et variées.

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À propos de Richard Ely

Né en 1974, Richard Ely a passé toute son enfance à Ellezelles, village sorcier de Belgique. Très tôt attiré par les mondes de l’étrange, il étudie à l’université les vampires et l’Imaginaire urbain. Il publie alors quelques nouvelles et poèmes en France, en Belgique et au Québec. Il crée ensuite des festivals, salons, expositions et plusieurs revues dont une l’accompagnera dans une belle aventure en kiosque. Tout au long de son chemin bordé de féerie, il croisera la route de trois sorciers qui façonneront son regard sur le monde et marqueront sa vie: Thomas Owen, Pierre Dubois et Claude Seignolle. En 2007, il publie son premier livre sur le monde des fées.. Depuis, il écrit poèmes, contes pour enfants et livres, dont le Grand Livre des Esprits de la Nature (Véga, 2013), tout en vivant la féerie au quotidien en tant que journaliste spécialisé sur le blog http:www.peuple-feerique.com ou dans des balades-nature alliant ses deux passions.

Publié le 26 décembre 2012, dans Esprits de la nature. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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